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đ© Capablanca Ă Paris : lâĂ©lĂ©gance dâun roi des Ă©checs sans sa dame ââïž
Dans les rues animĂ©es de Paris, Ă lâĂ©poque oĂč les cafĂ©s Ă©taient des salons dâidĂ©es autant que des refuges pour les artistes et penseurs, un homme savourait son cafĂ© avec un calme souverain. Ă premiĂšre vue, il nâavait rien de remarquable.
UNIVERS DES ĂCHECS
4/16/20253 min temps de lecture


đ© Capablanca Ă Paris : lâĂ©lĂ©gance dâun roi des Ă©checs sans sa dame ââïž
Dans les rues animĂ©es de Paris, Ă lâĂ©poque oĂč les cafĂ©s Ă©taient des salons dâidĂ©es autant que des refuges pour les artistes et penseurs, un homme savourait son cafĂ© avec un calme souverain. Ă premiĂšre vue, il nâavait rien de remarquable. Mais ceux qui savaient, reconnaissaient en lui une lĂ©gende vivante : JosĂ© RaĂșl Capablanca, ancien champion du monde dâĂ©checs, maĂźtre incontestĂ© du jeu positionnel. đ°đ
CâĂ©tait la fin des annĂ©es 1930. Paris vibrait dâune Ă©nergie intellectuelle unique, et Capablanca, en semi-retraite aprĂšs avoir cĂ©dĂ© son titre mondial Ă Alekhine en 1927, y passait une partie de son temps. Il avait ses habitudes, notamment dans les cafĂ©s prĂšs du Palais-Royal. Lâun dâeux, le mythique CafĂ© de la RĂ©gence, Ă©tait un haut lieu de la culture Ă©chiquĂ©enne. đđ
â Une partie dans lâanonymat⊠ou presque đČđ
Un aprĂšs-midi, alors quâil lisait son journal Ă sa table habituelle, un inconnu sâapprocha, repĂ©rant lâĂ©chiquier posĂ© devant lui. Il demanda, sans un mot, Ă jouer une partie. Capablanca, toujours ouvert aux dĂ©fis impromptus, acquiesça avec un sourire. Mais au moment de commencer, il posa un geste inattendu : il retira sa propre dame de lâĂ©chiquier, sans un mot.
Surpris, lâhomme protesta :
â « HĂ© ! Vous ne me connaissez pas ! Je pourrais vous battre ! »
Capablanca, imperturbable, répondit :
â « Monsieur, si vous pouviez me battre, je vous connaĂźtrais. » đŻđ
Le ton Ă©tait donnĂ©. Un duel sâengagea, avec handicap, dans le murmure feutrĂ© du cafĂ©. Et malgrĂ© cette absence stratĂ©gique, Capablanca gagna la partie sans difficultĂ©. Lâinconnu resta interdit. Ce nâĂ©tait pas seulement une dĂ©faite : câĂ©tait une leçon, douce mais implacable.
đïž Le CafĂ© de la RĂ©gence, théùtre dâhistoires Ă©chiquĂ©ennes đ°ïžđ
Ce nâĂ©tait pas la premiĂšre fois que Capablanca Ă©tonnait les curieux. Le CafĂ© de la RĂ©gence, situĂ© tout prĂšs du Louvre, avait vu dĂ©filer des figures mythiques : Philidor, La Bourdonnais, Morphy, Anderssen⊠Dans cet espace chargĂ© dâhistoire, Capablanca sâinscrivait dans une lignĂ©e prestigieuse, apportant une touche de modernitĂ© et de raffinement.
Le champion cubain sây livrait souvent Ă des simultanĂ©es, affrontant plusieurs joueurs Ă la fois avec un calme olympien. MĂȘme aprĂšs sa dĂ©faite face Ă Alekhine, il restait une rĂ©fĂ©rence absolue. Son style â fluide, intuitif, presque sans effort â lui valait lâadmiration des amateurs comme des professionnels. đđ
đ§ Lâart du handicap : gĂ©nie et esprit joueur đđ§©
Pourquoi retirer sa dame face Ă un inconnu ? Pour Capablanca, ce nâĂ©tait pas de lâarrogance. CâĂ©tait une maniĂšre Ă©lĂ©gante de rehausser lâintĂ©rĂȘt du jeu, de rendre la rencontre plus Ă©quilibrĂ©e tout en affichant une confiance absolue. Ce type de handicap nâĂ©tait pas rare Ă lâĂ©poque dans les parties amicales, mais le faire dans un lieu public, avec autant dâassurance, relevait du petit théùtre dâesprit dont il Ă©tait coutumier.
Lâanecdote, transmise de bouche Ă oreille dans les cercles dâĂ©checs, illustre une facette mĂ©connue de Capablanca : son goĂ»t du jeu, au sens le plus pur. Il ne jouait pas seulement pour gagner, mais pour Ă©prouver, surprendre, partager. đđ§
De La Havane Ă Paris : itinĂ©raire dâun gĂ©nie prĂ©coce âïžđ
NĂ© en 1888 Ă La Havane, Capablanca apprit les Ă©checs Ă quatre ans, simplement en observant son pĂšre. Ă treize, il battait le champion cubain Juan Corzo. Sa carriĂšre prit un envol fulgurant. En 1921, il devenait champion du monde en dominant Emanuel Lasker avec une aisance remarquable. Il conserva son titre jusquâen 1927.
Son style contrastait avec celui des calculateurs acharnĂ©s comme Alekhine : Capablanca brillait par sa simplicitĂ©, sa clartĂ©, son instinct. Il voyait les failles comme un musicien entend une dissonance. Paris, avec sa douceur de vivre et son effervescence culturelle, Ă©tait pour lui un refuge parfait. đŒđŒ
đȘ HĂ©ritage dâun maĂźtre au sourire dĂ©sarmant đđ«
Aujourdâhui encore, ses parties sont Ă©tudiĂ©es dans le monde entier. Mais ce sont aussi ces moments de lĂ©gĂšretĂ© et dâimprovisation qui forgent sa lĂ©gende. Offrir une partie Ă un inconnu, sans dame, dans un cafĂ© parisien : câest Ă la fois un acte de dĂ©fi et un geste de gĂ©nĂ©rositĂ©. Il montrait que les Ă©checs ne sont pas quâune affaire de titres et de trophĂ©es, mais aussi de rencontres humaines, dâinstants suspendus.
Capablanca nâĂ©tait pas seulement un champion. Il Ă©tait une figure de style, un ambassadeur du jeu vivant, un homme pour qui lâĂ©chiquier Ă©tait un salon de conversation, et chaque partie, une histoire.
đ Lâhistoire du cafĂ© parisien nâest pas une simple anecdote : câest un reflet fidĂšle du charme tranquille de Capablanca, de sa supĂ©rioritĂ© assumĂ©e mais toujours Ă©lĂ©gante. En retirant sa dame, il ne faisait pas que jouer. Il enseignait, il racontait, il souriait. Et dans ce geste, il nous laisse un message intemporel : la vraie force sait se faire lĂ©gĂšre.


Salle Miramon
Rue de la Mairie - 46230 Lalbenque
Le mercredi
Enfants - 17h30 Ă 18h30
Adultes - 18h30 Ă 20h30
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